FAIRE VENIR DES TALENTS DE DIVERS HORIZONS…
Birahim Diop est, comme il se qualifie lui-même, « un entrepreneur africain » et ce n’est pas son curriculum vitae qui va le démentir : CEO de Petrostock Oil Senegal, co-fondateur de O’Royal et co-Directeur académique du programme de HEC Paris « Challenge+ Afrique » à Dakar. Il est donc aux premières loges pour apporter une vision réaliste de l’innovation et de l’évolution du marché du travail dans son pays, le Sénégal.
En tant que leader dans un secteur clé (le pétrole et l’industrie agroalimentaire), comment inspirez-vous et guidez-vous l’innovation au sein de votre entreprise ? Quelles sont les priorités en termes de technologies à adopter ?
« L’innovation pour toute entreprise est un facteur de succès, voire d’existence. C’est réellement un must ! À travers toutes mes activités, nos innovations sont le fruit d’une mûre réflexion adossée à une vision claire et un plan stratégique détaillé. La priorité est à la digitalisation et à l’intelligence artificielle. »
Les profils traditionnels de l’industrie pétrolière ont-ils du mal à s’adapter aux nouvelles exigences numériques ? Comment gérez-vous la montée en compétence de vos équipes sur ces aspects ?
« En plus de la formation, faire venir des talents de divers horizons nous donnent une capacité à évoluer et innover. Rajeunir les équipes fait intégrer des générations déjà à niveau pour les outils technologiques. »
La digitalisation a-t-elle changé vos critères de sélection lors du recrutement de nouveaux talents ? Quelles nouvelles compétences digitales privilégiez-vous ?
« Les compétences digitales sont aujourd’hui transversales à tous les corps de métier, au même titre que la micro-informatique à la fin du 20ème siècle. »
Dans un secteur où la pénurie de compétences techniques est forte, comment faites-vous pour attirer et retenir les talents dans les domaines IT et numériques ?
« À notre échelle, pour les compétences pointues, l’externalisation demeure la meilleure alternative. Nous collaborons avec des startups depuis plus de 10 ans, des pépites qui n’envient rien aux licornes aujourd’hui. A titre d’exemple, dans nos stations, la solution des cartes et bons carburants est à 360° l’œuvre d’une tech-compagnie sénégalaise. »
En tant qu’acteur clé de l’économie sénégalaise, comment évaluez-vous le rôle des leaders du secteur privé dans l’accélération de la transformation digitale du pays ?
« Au Sénégal, l’entreprise et l’entreprenariat n’occupent pas encore la place qui sied à leur vocation. Cependant, l’engagement des tech-entrepreneurs a abouti à la digitalisation de beaucoup de process publics, sans compter le rôle très impactant des fintechs. Reste à consolider dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services aux citoyens (état civil…) pour entrer pleinement dans l’ère du digital. »
Que pensez-vous des formations professionnelles et académiques au Sénégal et en Afrique de l’Ouest ? En tant qu’acteur clé du développement économique, quels conseils leur donneriez-vous pour qu’elle matche plus vos besoins de recrutement et de développement ?
« La formation aux métiers est primordiale et devrait occuper 80% des adolescents et jeunes apprenants, avec un retour au brevet et au baccalauréat professionnel en masse assortis de bourses motivantes. La formation universitaire irait plus à la recherche, l’éducation et la santé… Entre les deux, des passerelles. »